Agroalimentaire en Chine : un marché entre dépendance et diversification
Un marché stratégique au cœur des tensions alimentaires mondiales
En 2024, la Chine a importé pour 188 milliards d’euros de produits agricoles et agroalimentaires. Ce chiffre impressionnant traduit une réalité structurelle : malgré sa volonté de tendre vers l’autosuffisance, la Chine doit s’appuyer sur l’import pour nourrir sa population de 1,4 milliard d’habitants. L’urbanisation rapide, l’élévation du niveau de vie, la diversification des habitudes alimentaires et les tensions sur la production nationale renforcent cette tendance de fond.
La balance commerciale chinoise est largement déficitaire car le pays se tourne massivement vers ses partenaires pour sécuriser son approvisionnement. 25 % de ses importations viennent du Brésil, principal fournisseur de soja et de viandes, 12 % des États-Unis, et 8 % de l’Union européenne. À noter également : l’ascension de partenaires asiatiques comme la Thaïlande (6 %), signe d’une régionalisation des échanges.
Agroalimentaire en Chine : un secteur en croissance, des besoins ciblés
Parmi les produits agroalimentaires importés en Chine, 57 % sont des produits agricoles bruts, notamment :
- Des oléagineux (30 % à eux seuls),
- Des viandes (11 %)
- Des produits aquatiques (9%)
- Des céréales (7 %)
- Des graisses et huiles (6%)
Les produits transformés, intégrant plats préparés, conserves, sauces, charcuteries, représentent 45% des importations agroalimentaires chinoises. Enfin, les boissons alcoolisées représentent encore une petite part (2 %), mais elles concentrent une forte valeur et une demande premium, notamment sur le segment des vins européens.
Cette segmentation illustre une demande forte en protéines végétales et animales, en matières premières et en produits transformés, répondant aux nouvelles habitudes de consommation.
Une dépense alimentaire en hausse traduisant une hausse du pouvoir d’achat
En 2024, la dépense alimentaire annuelle moyenne des ménages chinois atteint 32 994 yuans, soit environ 4 300 euros. Cette somme, déjà significative, grimpe fortement dans les grandes métropoles : jusqu’à 7 300 euros à Shanghai et 6 786 euros à Pékin. Cette évolution, liée à l’urbanisation, au développement des classes moyennes et au pouvoir d’achat croissant, stimule la demande pour des produits variés, sûrs, premium et pratiques.
Les importations agroalimentaires chinoises en augmentation
Le marché chinois des produits alimentaires importés affiche une croissance annuelle de 15 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 4 %. Parmi les produits importés, le secteur de la viande et de la charcuterie connait une forte progression avec 6,6 millions de tonnes en 2023, soit plus de +2,25 % par rapport à l’année précédente[1]. La consommation de produits prêts à consommer et snackings, connaît un essor particulier, en phase avec les modes de vie des jeunes urbains, qui privilégient les solutions rapides, saines voire innovantes.[2]
Ce dynamisme offre des opportunités particulièrement intéressantes pour les entreprises capables de combiner qualité, innovation et compréhension du marché local.
L’Europe en partenaire de premier plan pour l’approvisionnement chinois
En 2024, la Chine a importé pour 14,5 milliards d’euros de produits agricoles et agroalimentaires européens. Un chiffre en progression, où la France domine largement, avec 4,3 milliards d’euros, suivie par l’Espagne, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ce qui distingue l’Europe sur ce marché, c’est la complémentarité des offres nationales : chaque pays y exporte des produits différents, ce qui limite la concurrence intra-européenne. L’Allemagne exporte des préparations alimentaires, l’Espagne exporte notamment de la viande et des produits à base de porc, la France des vins, des céréales et des produits laitiers, les Pays-Bas des produits laitiers et des préparations à base de céréales.
La France : leader européen et des exportations en augmentation
La Chine a importé pour 4,3 milliards d’euros de produits agricoles français en 2024 faisant de la France le premier fournisseur européen du marché chinois en valeur (30% des importations européennes sont françaises). Entre 2018 et 2023, ses exportations agroalimentaires ont progressé de 65 %, un chiffre significatif qui souligne le potentiel de ce partenariat commercial.
La Chine est désormais le 8e client de la France en valeur pour les produits agroalimentaires. La France est quant à elle le 12e fournisseur de la Chine en 2024.
Les exportations françaises vers la Chine en 2024 sont dominées par :
- Les boissons alcoolisées (37 %), notamment vins et spiritueux ;
- Les céréales (27 %) : la France est le premier fournisseur d’orge ;
- Les produits laitiers (9 %), en croissance constante
Ces performances illustrent la capacité française à s’adapter aux attentes des consommateurs chinois, notamment en matière de qualité, sécurité et traçabilité.
Les opportunités pour les exportateurs internationaux du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire
Le marché chinois offre de nombreuses opportunités aux entreprises étrangères capables de proposer :
- Des produits traçables et sûrs conformes aux normes en vigueur en Chine,
- Des formats adaptés au marché et mode de vie local,
- Une image premium ou innovante,
- Des solutions alimentaires pratiques pour répondre au rythme de vie urbain.
Parmi les segments porteurs pour tous les acteurs internationaux, on retrouve :
- Le snacking haut de gamme,
- Les produits laitiers à forte valeur ajoutée,
- Les fruits, légumes et produits transformés,
- Les céréales et pains traditionnels adaptés aux goûts locaux.
Le bio connait également une forte croissance en Chine. En 2022, la consommation chinoises de produits alimentaires bio était de 12,4 Milliards d’euros faisant de la Chine le premier marché de produits bio d’Asie et le 3e au monde.
Une Chine exportatrice qui monte en puissance dans le secteur agroalimentaire
En parallèle de ses importations, la Chine développe ses propres exportations agroalimentaires, qui ont atteint 95 milliards de dollars en 2024. Elle se positionne notamment sur :
- Les produits de la mer (poissons, crevettes),
- Les fruits et légumes transformés,
- Les céréales et leurs dérivés,
- Les produits transformés comme les sauces et conserves.
La Chine ne se contente donc plus d’importer : elle devient un acteur agroalimentaire global, capable de concurrencer sur certains segments.
Le marché chinois de l’agroalimentaire en pleine transformation
L’agroalimentaire en Chine est un marché en mutation rapide, porté par une croissance intérieure soutenue, une urbanisation galopante et des consommateurs exigeants. Pour les acteurs internationaux, c’est un marché prometteur mais exigeant, qui demande de l’agilité, de la constance et une vraie stratégie locale. Les importateurs doivent s’adapter en misant sur :
- L’innovation produit,
- La compréhension des habitudes locales,
- La maîtrise des réglementations chinoises,
- La création de partenariats solides avec des distributeurs et plateformes locales.
Depuis plus de 26 ans, VVR International accompagne des entreprises de l’agroalimentaire dans leur projet de développement en Chine. Du positionnement stratégique, au développement de la notoriété en passant par les procédures d’importation et de distribution, les experts de VVR International soutiennent les entreprises étrangères à chaque étape.
[1] https://www.teamfrance-export.fr/fiche-marche/produits-alimentaires/viandes-et-charcuterie/CN
[2] https://www.lemoci.com/actualites/actualites/agroalimentaire-la-chine-continue-doffrir-des-opportunites-export-malgre-tout/
Sources :
- Business France
- https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/IraCex2425/2024_25inforapcommerceext.pdf
- https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2024/02/01/la-veille-agri-agro-du-ser-de-pekin-semaine-du-01-fevrier-2024
- https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2024/11/01/la-veille-agri-agro-du-ser-de-pekin-premiere-quinzaine-d-octobre-2024